Dans un grand marché populaire du Caire, un groupe de jeunes supporters achète des drapeaux de l’Egypte dans l’un des rares commerces de la ville qui s’est mis aux couleurs de la Coupe d’Afrique des Nations.
Lycéens ou étudiants en vacances, les jeunes garçons s’apprêtent à soutenir l’équipe de Mohamed Salah lors de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) qui se déroule dans leurs pays à partir de vendredi. Mais pas seulement.
Ils misent sur l’enthousiasme des supporters pour revendre à la sauvette ces drapeaux devant les stades.
« Je le vois comme un job d’été plus rentable et plus facile qu’aucun autre travail », espère Hicham Moustafa, un lycéen de 16 ans, pendant que ses camarades regardent des trompettes ou essaient des perruques toutes aux couleurs de l’Egypte.
« Si on arrive à gagner suffisamment d’argent, on achètera des billets pour aller voir un bon match ou la finale », assure le jeune homme qui regrette des prix « trop chers »: « Qui peut se payer ces billets à ce prix-là ? », s’interroge-t-il.
« Niveau pas élevé »
Tarifs des places jugés trop élevés, confusion sur la diffusion télévisée des matches, difficulté à trouver le nouveau maillot de l’équipe nationale… Hôtes de la CAN, les supporters égyptiens se disent confrontés à plusieurs obstacles dans leur soutien aux Pharaons. Surtout que le niveau de l’équipe, à l’exception de Mohamed Salah, ne suscite pas de réelle admiration.
Le retour au pays du joueur vedette de Liverpool, auréolé cette année du titre de champion d’Europe avec les Reds, reste l’une des principales sources de réjouissance des supporters égyptiens.
Devant la boutique, Hicham Moustafa et ses camarades scandent le nom de Salah mais regrettent que l’équipe ne soit pas « ce qu’il y a de mieux ».
« Bien sûr, je vais soutenir l’Egypte! », assure Islam Ahmed, un jeune cadre du Caire, après avoir savouré la victoire des Pharaons en match amical face à la Tanzanie (1-0) la semaine dernière.
« Le niveau de l’équipe n’est pas très élevé. Tout va reposer sur Mohamed Salah », reconnaît toutefois ce supporter de 33 ans à la petite barbe taillée et en tenue de sport.
Ces dernières semaines, les exploits européens de « Mo » Salah suscitent plus d’excitation en Egypte que la CAN.
Si les chaînes de télévision et certaines marques sponsors de la compétition sont dans les starting-blocks, presque rien dans les rues de la capitale ne semble montrer que le pays reçoit la plus importante compétition sportive du continent africain.
Les matches amicaux de l’équipe nationale ne provoquent pas d’affluence dans les cafés, les magasins spécialisés dans les articles de sports ne sont pas débordés…
« Affecté psychologiquement »
« Il y a une mauvaise organisation, personne ne sait ce qui se passe », se plaint Hassan Ismaïl, un jeune supporter du club cairote d’Al Ahly.
Certaines boutiques d’articles de sport du centre-ville proposent quelques maillots contrefaits, mais les vendeurs disent espérer en avoir davantage et attendre plus de clients au fur et à mesure de la compétition.
D’autres commerçants assurent n’avoir pas reçu l’autorisation de vendre les maillots de l’équipe ou même des produits dérivés de la CAN.
Comme d’autres fans de football, Hassan Ismaïl place peu d’espoir dans la performance des Pharaons à l’exception de certains noms, notamment les joueurs qui évoluent à l’étranger.
Pour Marwan Ahmed, du site spécialisé KingFut, la débâcle des Pharaons au Mondial 2018 en Russie – élimination au premier tour – a « affecté psychologiquement » les fans égyptiens.
« Avant la Russie, je suivais avec grand enthousiasme les matches de l’équipe », confie Marwan Ahmed. « C’était la pire équipe du Mondial. L’enthousiasme et l’espoir des supporters ont été complètement été anéantis sur la durée », observe l’expert.